L’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) a publié en juillet le premier volet d’une étude sur l’impact qu’a eu la crise sanitaire sur l’exercice coordonné entre professionnels de santé notamment en soins primaires.
Le périmètre de l’étude réalisée par l’IRDES Les soins primaires face à l’épidémie de Covid-19, entre affaiblissement et renforcement des dynamiques de coordination territoriale concerne la première vague de l’épidémie de Covid-19 (mars à juin 2020), au sein de six territoires déjà habitués à l’exercice coordonné en France métropolitaine.
D’après l’Irdes, à la phase initiale de l’épidémie, la réorganisation des soins primaires a découlé de trois types de dynamiques antérieures :
- coopération pluriprofessionnelle (division du travail au sein des groupes et entre groupes professionnels) ;
- coordination (entre les différentes organisations en charge des soins primaires) ;
- intégration territoriale (constitution d’un réseau d’acteurs, publics et privés, œuvrant à la production de normes pour organiser les soins primaires sur un même territoire).
L’intensité de ces pratiques qu’il s’agisse de renforcements ou d’affaiblissements, varie selon qu’elles sont portées localement et de longue date par des professionnels de santé et des collectivités territoriales.
Une dynamique de coordination locale antérieure à la crise sanitaire
Le contexte épidémique accroît, dans les 6 territoires étudiés, la coordination des soins primaires et révèle le rôle de l’intégration territoriale dans ces dynamiques de coordination.
En revanche, en l’absence de dynamiques de coordination préexistantes avant l’épidémie, la mobilisation des équipes de soins primaires dans ce contexte n’impulse pas de processus de coordination à l’échelle des territoires.
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La pandémie : un bouleversement organisationnel dans la coopération
Dans les territoires enquêtés, le contexte sanitaire entraîne toutefois un bouleversement des dynamiques antérieures de coopération et de coordination.
Le repli entre professions en demi-teinte
On constate un mouvement global de repli sur des logiques professionnelles ou des routines organisationnelles, matérialisée par une logique silo de profession : les infirmiers libéraux entre eux, les médecins généralistes entre eux etc.
Ces replis se sont basés, selon l’Irdes, sur les hiérarchies structurelles existantes entre professionnels de santé, ainsi qu’entre le secteur hospitalier et celui de la médecine de ville.
L’organisation d’espaces de soins, de pratiques à l’échelle du groupe professionnel est mis en place. Côté infirmier par exemple, la mobilisation des réseaux professionnels leur permet de s’organiser en l’absence d’instructions claires, notamment concernant le matériel de protection. Cette mobilisation vient s’affranchir des relations de concurrence qui existent antérieurement à la pandémie de covid-19.
La crise sanitaire est ainsi à l’origine de création de coopérations entre membres du même groupe professionnel, parfois même au détriment de dynamiques de coopération pluriprofessionnelles déjà existantes.
La coopération des équipes de soins primaires exacerbée
Les équipes de soins primaires, déjà coordonnées, amplifient leurs coordinations, en particulier autour du recueil et de la distribution de matériels de protection ou en créant des liens avec les hospitaliers et les municipalités, ce qui accroît les dynamiques d’intégration territoriale.
En conclusion
Dans la première phase de la pandémie de Covid-19, où la réponse à l’épidémie s’est construite en équipes de soins primaires, les dynamiques de coordination dépendent principalement de l’histoire des relations entre les acteurs du territoire, qui s’appuient souvent sur des projets préexistants à l’épidémie.
Ainsi, l’étude constate que même si les projets préexistants ont permis la construction d’une culture commune, des tensions demeurent autour de rapports de force politiques et institutionnels, entre alliances et concurrences pour assurer le contrôle de l’organisation territoriale des soins primaires.